Le jour des Morts (ou Día de los Muertos) est l’une des fêtes les plus emblématiques du Mexique. Cette célébration est désormais connue partout dans le monde et elle fait partie du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2008. À l’occasion du jour des Morts, nous nous souvenons de nos proches décédés et leur rendons hommage dans l’espoir qu’ils reviennent de l’au-delà pour nous rendre visite le temps d’une nuit.
Cette fête incarne le syncrétisme dans sa plus simple expression. Aujourd’hui, les rituels associés au jour des Morts conjuguent croyances et traditions qui se sont amalgamées pour donner naissance à l’une des fêtes les plus singulières du Mexique et dont les origines remontent à l’époque préhispanique. Les régions centrales et méridionales du Mexique, territoire autrefois connu sous le nom de Méso-Amérique, étaient habitées par une multitude de groupes autochtones différents, et cette célébration de plusieurs mois faisait partie intégrante de leurs rituels religieux annuels.
Vieille de 3 000 ans, cette fête se tenait initialement pendant les mois de juillet et d’août : un mois en hommage aux enfants décédés et l’autre en hommage aux adultes décédés. Les rites et les rituels étaient consacrés à la déesse des morts appelée Mictecacihuatl (les squelettes de la Catrina, très populaires aujourd’hui, y font d’ailleurs écho). Il était courant, pour les pratiquants autochtones, de conserver les crânes des défunts et de les intégrer à leurs autels.
Les colonisateurs espagnols ont été offensés par de nombreuses traditions païennes des premiers habitants du Mexique. Comme vous le savez, l’Église catholique a joué un rôle démesuré dans la colonisation du Mexique et a fini par imposer un changement de date afin que la fête coïncide avec le jour de la Toussaint qui a lieu à la fin du mois d’octobre. Plus qu’une simple journée de commémoration, le jour des Morts est une invitation lancée aux défunts à revenir le temps d’une nuit pour visiter les vivants qu’ils ont laissés derrière eux.
Aujourd’hui encore, les gens accueillent leurs proches en visitant leur sépulture. Ils y apportent des offrandes comme de la nourriture et des bougies et y amènent même parfois des mariachis! Ils s’y rendent simplement pour passer du temps aux côtés de leurs disparus. D’autres dressent un autel dans leur maison et attendent la visite des esprits.
Connu sous le nom d’ofrenda, l’autel consiste en une table couverte de nourriture et d’autres offrandes destinées aux âmes des disparus. Les autels peuvent se présenter sous différentes formes, mais ils se composent toujours de certains éléments de base :
Un portrait du défunt
Afin que les esprits puissent reconnaître à qui l’autel est consacré, une photo de la personne dont on veut commémorer la mémoire trône au centre de la table.
Un pain des morts
À compter de la mi-octobre, les boulangeries commencent à préparer une pâtisserie spécialement réservée à cette fête. Son apparence varie beaucoup, mais dans le centre du Mexique, il s’agit d’une brioche ronde faite de pâte parfumée à la fleur d’oranger et ornée d’une croûte faite de bandes et de boules de pâte qui représente le crâne et les membres d’un cadavre. Le pain est saupoudré de sucre blanc ou enduit de beurre et de sucre.
Des fleurs, des bougies et de l’encens
Partout au pays, la rose d’Inde ou Cempazúchitl, fleur semblable à la calendula, est utilisée pour agrémenter les festivités. Ses effluves et ses pétales jaunes servent à guider les âmes vers la maison, au même titre que la lumière des bougies et le parfum de l’encens.
Les mets et les objets préférés du défunt
Des plats et des aliments que le défunt appréciait de son vivant, comme les enchiladas (en anglais seulement), le mole ou le riz, sont mis à sa disposition pour qu’il puisse se régaler pendant sa visite. La légende prétend qu’une fois la nuit passée, les plats ont perdu leur « essence ». Ils ne sont plus comestibles et doivent être jetés. Des objets comme des livres et des jouets sont également offerts pour le plus grand plaisir de l’âme qui revient.
De l’eau, du sel et de l’alcool
Puisque les âmes effectuent un voyage très long et éreintant, on leur offre de l’eau ou même un peu d’alcool pour étancher leur soif et rendre leur séjour plus agréable. On dispose aussi sur l’autel une assiette de sel pur afin de purifier l’esprit
Des crânes en sucre et du papel picado
On ajoute une touche de couleur à l’autel avec des crânes en sucre et du papel picado – sorte de drapeaux en papier mince dans lesquels sont découpés des motifs complexes. Bien que les crânes d’aujourd’hui puissent être faits d’amarante ou de chocolat, les crânes traditionnels sont en sucre blanc, rehaussés d’un glaçage coloré et portent un nom sur le front. Les drapeaux en papier ornés de motifs de squelettes taillés sont de différentes couleurs, et chaque autel en est décoré.
