Cinq aliments utilisés dans les autels érigés à l’occasion du jour des Morts

L’une des traditions mexicaines les plus emblématiques et les plus connues est assurément le Día de los Muertos, ou le jour des Morts, qui célèbre et commémore la vie des personnes qui nous ont quittés ainsi que la fin d’un cycle et le début du prochain.

Cette grande tradition colorée a lieu les deux premiers jours du mois de novembre et est chargée de symboles rappelant les rituels préhispaniques que pratiquaient les différents groupes autochtones avant la conquête.

Pour souligner cette fête, les Mexicains font généralement appel à différents aliments, à des pétales de fleurs, dont la rose d’Inde, à des bougies et à de l’encens, érigent des autels dans les églises et dans les maisons et organisent plusieurs processions jusqu’aux cimetières locaux. Mais comme le Mexique est un grand pays, il est tout à fait normal que chaque région souligne les traditions à sa façon et possède sa propre version des plats traditionnels.

Voici cinq exemples de la façon dont le jour des Morts est célébré dans différentes régions du Mexique.

Pátzcuaro, Michoacán

À quatre heures de route au nord-ouest de la capitale du pays se trouve la mystérieuse ville de Pátzcuaro, bordée par un magnifique lac sur lequel se trouve la célèbre île Janitzio.

Selon la légende, lorsque l’âme d’une personne quitte son corps à son décès, elle se transforme en monarques qui s’envolent vers l’île Janitzio pour se reposer.

Chaque année, les habitants des collectivités locales reconstituent cette vieille histoire modernisée pour commémorer et célébrer le périple qu’entreprennent les âmes de leurs proches.

À la nuit tombante, des pêcheurs allument des bougies et de l’encens sur leurs bateaux, puis déploient leurs filets de pêche pour évoquer les ailes des monarques qui se rendent jusqu’à l’île Janitzio. Le miroitement des filets et des bougies donne lieu à un magnifique spectacle unique en son genre.

Les processions vers les cimetières locaux sont également un incontournable. Pendant ces cérémonies, les gens déposent sur les tombes de leurs proches des fleurs, des bougies et des plats locaux, comme de la corunda, une sorte de tamal préparé à partir de cendres et enveloppé de feuilles de tige de maïs, qui est servie avec une salsa aux tomates douce.

Mexico

Les habitants de Mexico soulignent le jour des Morts de nombreuses façons : en érigeant d’immenses autels dans de vastes espaces, comme à l’Université et à la place de la Constitución, en visitant différents cimetières et même en tenant des célébrations flottantes sur les magnifiques canaux de Xochimilco.

Mais les citadins célèbrent principalement cette fête à la maison en érigeant des autels sur lesquels ils déposent des objets traditionnels, comme des fleurs, des bougies, des portraits des défunts, du papel picado, des fruits comme de la canne à sucre, des pommettes mexicaines, des limes et, surtout, du pan de muerto, qui est probablement l’aliment traditionnel le plus connu.

Cette brioche parfumée à la fleur d’oranger, ornée d’une croix et saupoudrée de sucre est une pâtisserie hautement convoitée, offerte dans la plupart des boulangeries de la ville. Les cuisiniers s’efforcent chaque année de créer le plus de versions possible pour souligner l’événement.

Le plus récent ajout aux festivités, la gigantesque parade Catrinas, à l’occasion de laquelle des milliers de visiteurs se peignent le visage et s’habillent comme l’un des symboles les plus connus du Día de los Muertos, un élégant squelette parodiant les membres de la haute société des années 1930, qui portaient de grosses robes et d’énormes chapeaux majoritairement recouverts de plumes. 

Oaxaca

Considéré comme l’un des États les plus diversifiés du Mexique en raison de sa grande variété de cultures, d’aliments, de traditions et d’ingrédients, Oaxaca est également reconnu pour les nombreuses façons dont on y célèbre le jour des Morts.

Les habitants y réalisent notamment des œuvres de peinture sur sable, qui représentent l’âme des défunts, sur le sol des grandes esplanades, organisent des célébrations colorées dans les cimetières et tiennent plusieurs festivals de rue, connus sous le nom de calendas : de petites parades où l’on retrouve entre autres des musiciens traditionnels, d’énormes marionnettes en forme d’humains, des danseurs et même des feux d’artifice.

À l’occasion du jour des Morts, les calendas s’appellent plutôt des muerteadas, des activités où les participants se déguisent en personnages qui représentent la vie et la mort, comme le diable et les aînés, par exemple.

Oaxaca est aussi connu comme la terre des sept moles. On y retrouve d’ailleurs ces sauces dans les nombreux autels et villages de la région, qu’elles soient offertes aux vivants ou aux morts.

Oaxaca City DOTD (Getty Image)-min

San Andrés Míxquic

Cette collectivité située dans le Sud-Est de la ville possède une ambiance et une âme complètement différentes de celles du reste du territoire et est principalement reconnue pour ses commémorations du Día de los Muertos.

Chaque année, des milliers de visiteurs mexicains et étrangers se rendent dans la région pour participer aux multiples célébrations, qui comprennent un marché ouvert et des concours d’autels. On y ouvre également les portes des maisons des personnes récemment décédées afin d’offrir de la nourriture et des boissons aux voisins et aux passants.

Les familles laissent sur les tombes de leurs proches leurs plats préférés, une multitude de fleurs et de l’encens et y font même jouer de la musique. Les gens se promènent ensuite dans la ville pour découvrir les différents autels et rendre visite aux commerçants qui vendent des fruits, du mole et divers types de tamales enveloppés de feuilles de maïs ou de bananiers.

Mais l’événement principal est l’Alumbrada (l’illumination), qui a lieu le 2 novembre à 16 h, heure à laquelle l’église donne le coup d’envoi en faisant sonner les cloches de la tour. Les habitants inondent alors le cimetière principal de roses d’Inde et d’autres fleurs, d’encens et, surtout, de bougies qu’ils allument en même temps afin de créer un impressionnant spectacle pour les yeux et tous les autres sens.

Tzintzuntzan Cemetery DOTD (Getty Image)-min

Toluca, État de México

Il s’agit probablement de la région la moins touristique du présent article. La capitale de l’État de México est surtout connue pour sa vaste population (cinquième au pays) et son chorizo verde, un mets délicat composé de porc et de fines herbes que l’on trouve principalement dans cette région.

En plus d’ériger des autels à la maison et de visiter les cimetières, les habitants de cette ville célèbrent le jour des Morts en organisant le festival annuel des Alfeñique.

Ces confiseries moulées à base de sucre tirent leur origine d’un bonbon de l’Espagne islamique, connu sous le nom d’« Al-Fanid » et composé de sucre, d’eau, de miel et d’huile d’amande, qui était chaud et humide et utilisé pour traiter la toux.

Depuis leur introduction sur le territoire mexicain, ces figurines sucrées ont évolué et présentent maintenant plusieurs couleurs, en plus de prendre la forme de différents objets, comme des crânes, des cercueils, des couronnes, des poulets, des cerfs, des bouteilles et beaucoup plus encore. Des familles complètes se consacrent à cette forme d’art qui se transmet de génération en génération.

Traditionnellement, les alfeñiques font partie des ofrendas pour que les défunts puissent s’émerveiller de leurs formes et de leur agréable saveur.

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